Rachida Habri, une femme debout

Farouchement indépendante, le cœur à gauche, la prof de maths aime les équations électorales à plusieurs inconnues. Pour remettre l’humain au cœur de la politique.

La politique, Rachida Habri est tombée dedans toute petite. Simple question d’ambiance familiale ! Dans les montagnes insoumises du Rif marocain, d’où elle est native, son grand-père infligea à l’occupant colonial au Maroc sa première défaite militaire. Maire-adjointe au développement et à la modernisation des services publics à Argenteuil, la petite-fille  de cette icône de la lutte anti-coloniale bataille pour rendre la société plus juste. « Nous ne devons pas accepter de baisser les yeux».

Militante, cette mère de quatre enfants n’entend pas pour autant brader sa vie de famille… Elle exerce un vrai métier : professeur de mathématiques. Elle habite Argenteuil depuis 28 ans. Souvent, dans la rue, d’anciens élèves de Romain Rolland la saluent, respectueusement. La dame en impose.

Elle enseigne à Carrières-sous-Poissy, au collège Flora Tristan. Pourquoi avoir quitté Argenteuil ? Une question de principe, de respect de la neutralité du service public d’éducation, de l’institution communale et de ses concitoyens. Et puis, «Flora Tristan est une femme qui a su dire non quand il le fallait. Elle a beaucoup lutté pour la condition des femmes ». Oui : Rachida Habri est une féministe engagée et active.

Droite comme un i dans sa veste en cuir rouge fétiche, le sourire étincelant, elle sait attirer les regards et s’en amuser. Sans  austérité, l’ancienne médiatrice de la Maison de la Justice et du Droit défend l’idée qu’« il est possible de gérer notre société plus équitablement». Elle veut remettre l’humain au cœur des décisions politiques, œuvrer pour restituer au peuple sa souveraineté.

Ses 48 ans n’ont pas râpé ses convictions. Sa sincérité dans l’action ne lui facilite pas toujours la vie. Elle est « résolument de gauche », mais indépendante d’esprit. Aie, aie aie !  A Argenteuil, certains de ses amis politiques ont sanctionné sa liberté de parole. « J’ai choisi la sincérité, j’ai payé le prix. Je ne suis pas élue  pour moi, mais pour défendre les intérêts des citoyens. » Et toc ! « Je me relève toujours. Je me bats jusqu’au bout ».

Rachida Habri n’appartient aujourd’hui à aucun parti. « Je veux rester libre, voir comment évoluent les uns et les autres. » La prof de maths, à l’intersection des forces de gauche les plus offensives, retrouve ses valeurs dans la démarche du Front de gauche. Ses démêlés avec certains élus de la majorité à Argenteuil ? Un seul commentaire : « je ne dirai jamais que la gauche et la droite, c’est la même chose. On est à gauche ou on ne l’est pas. »

Et puis, l’essentiel est ailleurs. « La politique actuelle du gouvernement est mauvaise. Elle détruit les services publics. Il ne faut pas se laisser décourager,  il faut lutter. » Chaleureuse, Rachida Habri aime aller à la rencontre des gens. « On apprend beaucoup dans une réunion d’appartement, une cantine ou un hôpital. » L’effilochage des solidarités ? « Les dégâts de la crise sociale sont immenses. Les gens n’ont plus de solution. Les fins de mois toujours plus difficiles ». Ça la met en colère. Mais, « on ne peut pas toujours agir seulement avec le cœur. Il faut changer la politique gouvernementale».

 

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